La Perturbation du Corridor Économique Chine-Myanmar
La guerre civile en cours au Myanmar a gravement perturbé les plans ambitieux de la Chine pour le Corridor Économique Chine-Myanmar (CMEC). Cette route commerciale essentielle reliait le sud-ouest enclavé de la Chine à l’océan Indien via le Myanmar. Le conflit a contraint la Chine à renforcer sa frontière avec le Myanmar, avec des clôtures hautes, des barbelés et des caméras de surveillance traversant des rues et des rizières autrefois contiguës.
La perte de contrôle des villes frontalières clés et des zones commerciales le long de la route du CMEC a constitué un revers majeur pour la Chine. Les forces rebelles ont capturé des emplacements stratégiques comme Lashio, ce qui représente “l’une des défaites les plus humiliantes de l’histoire militaire” et menace les investissements régionaux de la Chine. L’instabilité a également perturbé le commerce transfrontalier, entraînant la fermeture de points de passage importants et entravant le flux de marchandises le long du corridor.
L’Équilibre Délicat de la Chine
La Chine se trouve dans une position difficile, essayant de maintenir des relations à la fois avec la junte militaire du Myanmar et avec les différentes organisations armées ethniques (OAE) qui luttent contre elle. La Chine a continué à fournir des armes à l’armée et a également tacitement approuvé les offensives de l’“Alliance de la Fraternité” des OAE, qui ont réalisé des gains territoriaux significatifs.
Cet acte d’équilibre a permis à la Chine d’exploiter le conflit à son avantage d’une certaine manière, par exemple en utilisant les victoires des OAE pour écraser les syndicats criminels le long de la frontière qui avaient frustré la Chine. Cependant, la poursuite des combats a également mis en péril les investissements et les intérêts économiques de la Chine, l’obligeant à plaider pour des cessez-le-feu et des négociations afin de protéger son corridor commercial.
L’Influence Régionale de la Chine
L’instabilité au Myanmar menace de miner l’influence régionale et les ambitions plus larges de la Chine. Le CMEC était une partie clé de l’Initiative de la Ceinture et de la Route de la Chine, et sa perturbation pourrait avoir des répercussions dans toute la région.
De plus, les liens croissants entre les OAE et le gouvernement d’unité nationale parallèle au Myanmar pourraient conduire à des alliances plus profondes entre les groupes ethniques du nord et les rivaux régionaux de la Chine, comme les États-Unis. Cela pourrait encore compliquer les calculs géopolitiques de la Chine et limiter sa capacité à influencer la région.
